Le pouvoir de la compassion
L'autocompassion et la compassion pour autrui
Qu'est-ce que la compassion?
La compassion est la capacité à se laisser toucher émotionnellement par les émotions et sentiments d’une autre personne. C’est le vécu réveillé, à l’intérieur de soi, face à la souffrance, à la douleur ou au ressenti de l’autre. Quand on éprouve de la compassion pour l’autre, on est sensible à l’autre. En fait, c’est un peu comme si on entrait en résonnance avec l’autre.
Certaines personnes différencient la compassion de l’empathie. Selon leur perspective, la compassion serait l’empathie mise en action dans le sens où, quand on est touché par l’autre, cela nous donne un élan d’aider l’autre.
Ce qui ressort de mes lectures au sujet des définitions de l’empathie et de la compassion, c’est que la définition de ces deux concepts peux varier, en fonction des discipline et des auteurs qui en parlent. Puisque mon but n’est pas de faire un débat de concepts, j’ai choisi de vous présenter celles qui faisaient écho en moi et qui revenaient souvent.
Pour compléter cette section, j’ajoute que la compassion et l’empathie sont 2 qualités humaines qui nous incitent à la bienveillance envers autrui puisqu’on est attentifs aux autres et non indifférents à eux.
D’autre part, qu’en est-il de la compassion envers soi-même? Je vous en parle, un peu plus bas dans cet article.
À quoi sert la compassion?
Soutien, entraide et solidarité. Une histoire personnelle
Je sors de chez moi, pour prendre une marche et m’aérer les idées. J’ai à peine parcouru une cinquantaine de mètres que je croise une jeune femme en pleurs, sur le trottoir.
Je ne la connais pas, mais ses pleurs me touchent. J’ai du temps devant moi. Mue par un élan de compassion envers elle, je m’arrête. Je la regarde avec douceur et je lui demande si ça va. Elle me répond que non, ça ne va pas, et je lui demande ce qui se passe. Alors, dans un mouvement spontané, elle me raconte ses difficultés présentes. Je l’écoute avec attention pendant une vingtaine de minutes, le coeur ouvert à elle, et je lui propose quelques ressources pour l’aider.
Comme vous pouvez le voir, je n’ai pas réglé ses problèmes à sa place, je n’avais pas ce pouvoir-là. J’ai plutôt choisi de lui offrir comme soutien un moment de présence attentive et bienveillante ainsi que quelques pistes de solutions.
En résumé, la compassion envers l’autre sert donc à lui tendre la main, dans des moments difficiles. C’est un élan de coeur envers l’autre qui favorise l’entraide, la solidarité et le désir d’une plus grande équité sociale.
Avoir de la compassion pour l'autre sans se perdre dans l'autre
Être touché sans être submergé d'émotions
Avoir de la compassion pour l’autre implique qu’on soit touché par son histoire ou son vécu, sans qu’on soit submergé par nos propres émotions et sentiments. Lorsque nos propres émotions sont trop intenses, il est plus difficile d’offrir notre attention et notre soutien à l’autre. En effet, nous sommes nous-mêmes pris dans un tsunami émotionnel.
Si cette situation arrive, il est essentiel que l’on puisse prendre soin de nous-même avant d’être en état de soutenir l’autre. L’auto-compassion ou la compassion pour soi-même est alors essentielle. Nous devons prendre du recul, nous autoriser à être vulnérable ou fatigué et trouver une façon de nous apaiser. Nous pouvons même avoir besoin de recevoir la compassion ou l’écoute d’une autre personne pour apaiser la charge éveillée par l’histoire ou le vécu de l’autre.
Une fois que nous sommes à nouveau disponible émotionnellement, nous pouvons, si nous le désirons, nous occuper de l’autre et lui offrir notre soutien.
Avoir de la compassion pour l'autre sans prendre sa place
Le danger de la projection
Quand éprouve de l’empathie ou de la compassion pour l’autre, il est important de faire la différence entre la situation de l’autre et la nôtre, entre ses émotions et les nôtres.
Certaines personnes définissent l’empathie comme la capacité à se mettre à la place de l’autre. Parfois, s’imaginer être à la place de l’autre peut nous amener à être plus bienveillant envers l’autre. Par exemple, si je constate qu’une caissière est lente parce qu’elle est en formation, je peux m’imaginer être dans une situation d’apprentissage et donc moins rapide. Par conséquent, cela m’aide à gérer mon impatience et à avoir de l’empathie pour cette personne.
Par contre, dans d’autres situations, se mettre à la place de l’autre porte à confusion.
Il y a plusieurs années de cela, j’avais suivi un cours en écoute active de plusieurs semaines. Le but de cette formation était de de pouvoir ensuite travailler dans un centre d’écoute. L’enseignante nous avait donné un exemple percutant d’une situation où il y a danger d’interpréter la situation de l’autre à travers nos propres filtres et de projeter, de façon inadéquate nos émotions, sur l’autre. Je vous raconte cette histoire -à ma façon- dans le paragraphe suivant.
Une histoire marquante
Voici l’histoire d’une femme qui a perdu son mari dans des conditions tragiques: il a eu un accident de la route mortel. Au salon funéraire, les invités s’alignent pour offrir leurs condoléances à la veuve. Celle-ci salue poliment chacune des personnes présentes, au milieu du brouhahas ténu des conversations.
Puis, peu à peu, les invités partent. Il ne reste, dans la pièce, que le défunt mari étendu dans son grand cercueil, la veuve ainsi qu’une femme vêtue avec une élégance simple.
Cette dernière s’approche de la veuve. Elle la regarde avec bienveillance et lui demande comment elle se sent. À sa surprise, cette dernière lui répond qu’elle se sent soulagée. Son mari est enfin mort. Là où il est, il ne la battra plus.
Ce récit est basé sur des faits réels rapportés par l’enseignante. Il nous montre que nous pouvons parfois projeter de façon erronée nos propres émotions sur l’autre.
Par conséquent, il est essentiel de bien différencier nos propres émotions de celles de l’autre. Ce n’est pas parce qu’une autre personne se trouve dans une situation semblable à celle que nous avons déjà vécue qu’elle éprouve nécessairement les mêmes émotions ou sentiments que nous.
Quand on se met à la place de l’autre et qu’on projette notre expérience sur l’autre, le danger est de ne faire plus qu’un. Cela s’appelle de la confluence. Et ce n’est malheureusement pas aidant.
L'auto-compassion
Avoir de l'auto-compassion favorise le bien-être
L’auto-compassion, c’est la capacité à être doux avec soi-même et à s’offrir de la bienveillance dans des situations difficiles.
Quand on éprouve de la compassion envers soi-même:
- On est à l’écoute de notre vécu douloureux…
- On accueille nos douleurs émotionnelles…
- Et on en prend soin… Comme si on consolait un tout-petit ou une personne précieuse pour nous.
Par opposition, on n’est pas dans l’auto-compassion quand:
- On se tape sur la tête parce qu’on n’a pas réussi aussi bien qu’on le souhaitait
- On se dénigre
- On se critique sévèrement
- On se traite de noms (t’es un idiot, t’es conne etc.).
Dans ces derniers cas de figure, on est plutôt enlisé dans la haine de soi. C’est tout le contraire de l’accueil et de la douceur envers soi.
Avoir de la compassion pour soi-même implique non seulement de porter un regard aimant sur soi quand ça va mal, mais aussi de de pardonner quand on fait des erreurs. En effet, la condition humaine est imparfaite!
Et j’ajoute encore que l’auto-compassion ne constitue pas un état d’appitoiement sur soi-même. Quand on s’appitoie sur son sort, on se trouve dans une posture de victime. Par opposition, la compassion ne nous porte pas à nous victimiser. Elle nous permet, à travers a bienveillance que l’on s’accorde, de traverser nos difficultés sans porter le poids superflu des auto-accusations destructrices.
Conclusion
Pour terminer cet article, je désire attirer votre attention sur le fait que la compassion et l‘auto-compassion sont des capacité qui se développent.
Dans un premier temps, il est nécessaire d’apprendre à avoir de la compassion pour soi-même pour arriver, dans un deuxième temps, à en avoir réellement pour les autres.
L’auto-compassion peut se développer de façon autonome à travers l’écoute de méditations apaisantes ou en interaction avec des personnes bienveillantes. Par contre, vous pouvez aussi avoir besoin d’une aide professionnelle empathique pour améliorer vos capacités d’auto-compassion et de compassion envers les autres. N’hésitez pas à aller chercher l’expertise appropriée. Cela pourrait améliorer votre vie.