Un regard sur notre monde intérieur
Le vécu et les besoins affectifs
Les différents aspects de notre monde intérieur
Notre monde intérieur inclut ce qui n’est pas nécessairement observable depuis l’extérieur. Il comprend: nos mécanismes de défense, nos zones vulnérables, notre vécu, nos besoins affectifs fondamentaux et nos pensées.
Dans ce troisième et dernier article au sujet du monde intérieur, je parlerai de vécu (d’émotions) et de besoins affectifs fondamentaux. Si vous désirez en apprendre plus sur les déclencheurs et les mécanismes de défense ou sur les zones vulérables, je vous invite à consulter mes deux articles précédents. Bonne lecture!
Fonctions des émotions et des besoins affectifs
Dans la philosophie de l’Approche Non Directive CréatriceMD , émotions et besoins affectifs fonctionnent en tandem. D’une part, les émotions sont les indicateurs de la satisfaction ou de l’insatisfaction des besoins. D’autre part, les besoins sont les moteurs de la motivation à passer à l’action. Lorsque nos besoins sont satisfaits, nous éprouvons des sentiments de contentement, de calme, de paix, de bonheur ou de plaisir. D’autre part, lorsqu’ils sont insatisfaits, nous éprouvons des sentiments de manque, de tristesse, de vide, de colère, de déception etc.
Dans le but d’illustrer le lien qui unit émotions et besoins, j’aime utiliser une image. La voici: les émotions sont un peu comme l’indicateur qui s’allume, dans votre voiture, lorsque la quantité en essence diminue. Cet indicateur est utile, car il vous prévient que vous risquez de tomber en panne sèche. En effet, votre voiture a besoin d’un ressourcement en énergie pour fonctionner convenablement. Cependant, si vous ajoutez de l’essence, l’indicateur s’éteint. C’est un peu la même chose avec un besoin. Lorsqu’il n’est pas satisfait, une lumière s’allume à l’intérieur de vous. Cette lumière s’appelle l’émotion. Elle indique qu’un besoin n’est pas satisfait.
Dans notre histoire de vie, nous avons parfois appris à craindre, à avoir honte ou à éprouver de la culpabilité face à nos émotions et besoins affectifs. Le chemin proposé par l’Approche Non Directive CréatriceMD consiste à apprivoiser ces émotions et ces besoins affectifs. Lorsque nous craignons ou avons honte de nos émotions et besoins, nous n’arrivons pas à les accueillir lorsqu’ils surgissent en nous. La bonne nouvelle, c’est que nous possédons la capacité d’apprivoiser nos émotions et nos besoins, dans une mesure plus ou moins grande.
Certaines personnes ont appris à craindre leurs émotions. Elles ont besoin d'accompagnement pour découvrir ce monde mystérieux.
Connaître, reconnaître et sentir le vécu intérieur
Pour plusieurs personnes, l’idée de sentir une émotion désagréable est aversive. Je peux saisir cela. Cependant, je veux prendre le temps de souligner que les émotions souffrantes qui existent à l’intérieur de nous et dont nous ne prenons pas soin restent présentes. Elles nous influencent malgré tout dans nos choix, nos actions et notre capacité à atteindre un mieux-être.
Les émotions souffrantes dont il est question ici incluent notamment la peur, la honte, la culpabilité, la tristesse, la déception et la colère, pour n’en nommer que quelques-unes. De telles émotions souffrantes comprennent aussi les sentiments de rejet, d’abandon, d’isolement, d’infériorité, de non valeur ou d’impuissance.
Mise en situation
Dans le but d’illustrer le processus qui vous conduit peu à peu vers le vécu, je reprends mon exemple de départ. Dans cet ordre d’idée, imaginez la situation suivante: vous allez rencontrer votre conjoint ou votre conjointe au restaurant après votre journée de travail. Vous êtes en retard. À votre arrivée, votre partenaire vous lance en criant : «T’es encore en retard, t’es jamais à l’heure!».
Tout d’abord, posons l’hypothèse que vous êtes déclenché par sa façon de vous accueillir. Ensuite, pour les fins de cet exemple, assumons que vous avez développé la capacité à sentir ce qui se passe en vous. Dans la situation décrite ci-dessus, vous réaliserez qu’une intensité est réveillée en vous. En portant attention à votre corps, vous constaterez peut-être que votre coeur bat à toute vitesse. Ou encore, vous remarquerez que vous êtes agité. En restant collé à ce qui se passe en vous, vous pourriez découvrir différentes émotions, dépendant de votre histoire de vie. Je vous propose ici quelques possibilités, sans toutefois prétendre que c’est nécessairement ce que vous vivrez dans ce genre de situation.
Écouter son vécu intérieur
- Vous éprouvez de la colère ainsi qu’un sentiment d’injustice car vous êtes généralement à l’heure
- La honte vous envahit car vous êtes souvent en retard
- Vous avez peur de ne pas être aimé parce que vous n’avez pas été «parfait». En effet, vous êtes en retard.
- Vous vivez de la tristesse car vous aimez profondément votre partenaire et vous avez tout fait en votre pouvoir pour arriver à temps. Les accusations de votre partenaire vous blessent profondément. Vous êtes conscient que vous faites beaucoup d’efforts pour votre partenaire.
Connaître, reconnaître et contacter les besoins affectifs fondamentaux
En portant attention à votre vécu, dans l’ici-maintenant d’une situation, cela vous donne des pistes importantes. Je vous en propose quelques-unes, en utilisant les 4 vécus mentionnés dans le paragraphe précédent.
- En étant sensible à votre colère ainsi qu’à votre sentiment d’injustice, vous pourrez prendre soin de vous en relation. Pour satisfaire vos besoins d’expression et d’être vu tel que vous êtes, dans votre ponctualité, vous pourriez vous exprimer à votre partenaire: «Je suis très en colère en ce moment! Je vis un sentiment d’injustice car je suis généralement ponctuels! Je n’apprécie pas recevoir ces critiques injustes. De plus, je n’aime pas que tu cries après moi».
- Si vous êtes sensible à la honte qui vous envahit, vous pourriez réaliser que c’est vrai que vous êtes souvent en retard. Cela vous donnera des pistes pour vous occuper de vous. Vous aurez peut-être à apprendre à mettre des limites, au travail (besoin de limites). Ou encore, vous aurez à apprendre à vous accorder plus de temps pour vos déplacement (besoin de temps). Peut-être aurez-vous à négocier une fenêtre de temps (plus ou moins 15 minutes) pour l’heure d’un rendez-vous (besoin de flexibilité).
- Dans la troisième option présentée, vous craignez de ne pas être aimé lorsque vous faites une erreur. L’avantage d’être sensible à votre peur, c’est que vous pourrez vous en occuper en relation, peut-être après que votre partenaire se soit calmé. Vous avez besoin d’être rassuré que votre partenaire vous aime, même imparfait.
- Finalement, dans la quatrième proposition, vous êtes triste et blessé. Vous avez besoin d’être reconnu pour vos efforts (besoin de reconnaissance). Par conséquent, vous pourrez vous exprimer clairement à votre partenaire. «Je suis profondément triste et blessé par tes accusations. J’ai besoin d’être reconnu pour les efforts que j’ai faits pour être à temps.»
Exemples de besoins de nature affective.
Il existe de nombreux besoins de nature affective. J’en ai mentionné quelques-uns dans la section précédente. En voici une liste qui pourra vous être utile, ci-dessous.
Besoin...
- D'exister
- De valorisation
- D'importance
- De lien (reliance avec les autres)
- D'appartenance
- De reconnaissance
- D'autonomie
- D'amour
- De sécurité (physique ou psychique)
- D'écoute
- D'être compris
- D'expression
- De bonheur, de bien-être, d'harmonie, de paix
- D'affirmation de soi
- De liberté
- De créativité
Conclusion
Il est important de connaître et de contacter nos besoins véritables pour s’en occuper. Comme nos besoins affectifs ont parfois été niés, il arrive que nous les craignions ou en ayions honte Pour arriver à contacter nos besoins, le passage nécessaire et désagréable (et c’est pourquoi nous avons souvent besoin d’accompagnement pour y arriver) implique de sentir la peur ou la honte ou toute autre émotion qui nous empêche de nous occuper de ce besoin. Dans notre vie d’adulte, nous avons des capacités plus grandes d’apprivoiser, peu à peu, la charge émotive cachée sous un mécanisme de défense alors qu’enfant, nous n’en avions pas les capacités.
