Un regard sur notre monde intérieur

Les zones vulnérables

Les différents aspects de notre monde intérieur

Notre monde intérieur inclut ce qui n’est pas nécessairement observable depuis l’extérieur.  Il comprend: nos mécanismes de défense, nos zones vulnérables, notre vécu, nos besoins affectifs fondamentaux et nos pensées.

Dans cet article, je vous donnerai un aperçu de ce qu’on entend par zones vulnérables, dans la philosophie de l’Approche Non Directive CréatriceMD.  Pour en savoir plus sur les mécanismes de défense ou sur le vécu et les besoins affectifs fondamentaux, je vous invite à lire les articles correspondants.  Cliquez simplement sur les boutons ci-dessous.  Bonne lecture!

La notion de blessures ou zones vulnérables

Définition

Une zone vulnérable est aussi appelée blessure dans le langage de l’Approche Non Directive CréatriceMD.  C’est une zone sensible de notre psychisme.  Nos zones vulnérables sont associées à des expériences de vie souffrantes où nous avons vécu des émotions d’une grande intensité sans avoir pu être apaisés. 

Ces zones vulnérables ou blessures ont souvent été créées pendant l’enfance.  À cette époque de notre vie, nous étions, évidemment, très vulnérables. Nous dépendions des membres de notre entourage et particulièrement de nos parents ou de nos figures parentales.  Ces personnes nous ont soutenus, éduqués et accompagnés, du mieux de leurs capacités.  Cependant, ayant leurs limites, nos parents ou nos figures parentales n’ont pas toujours pu ou su combler nos besoins affectifs. Par conséquent, nous avons été confrontés à des manques affectifs plus ou moins importants. Dans les circonstances où nous avons éprouvé un niveau de souffrance intolérable face à ces manques affectifs, nous avons développé des zones vulnérables.

Nos zones vulnérables sont associées à des expériences de vie impliquant des peurs ou des stress intenses, une tristesse insoutenable ou des frustrations trop grandes, par exemple.  Nos expériences souffrantes incluent souvent des vécus de rejet, d’abandon, d’isolement, d’infériorité, de non valeur, d’humiliation, de culpabilité et/ou d’impuissance.

La formation d'une zone vulnérable

Voici un exemple de la façon dont pourrait se créer une zone vulnérable. 

Lorsqu’un bébé ou un enfant éprouve une très grande peur, il a besoin d’être rassuré (besoin affectif).  Cependant, l’enfant n’a pas les mots pour exprimer son besoin.  Malheureusement, il arrive qu’un parent, dans son inexpérience, ne trouve pas le moyen adéquat pour rassurer son enfant.  Certains parents peuvent même éprouver des sentiments importants de stress ou d’impuissance face à la réaction de leur enfant.  Sans s’en rendre compte, ils négligent leur enfant.  Ils peuvent même contribuer à accroître la peur de l’enfant,  par exemple par des gestes trop brusques à son endroit.   Si le bébé ou l’enfant a éprouvé une peur intolérable à supporter, n’ayant pu être rassuré, il développera une zone vulnérable.  Le développement d’une zone vulnérable peut être lié à un incident unique ou à une série d’incidents répétés.

De nombreuses situations de vie peuvent mener à la création d’une zones vulnérable.  Vous trouverez, dans la section suivante, des exemples de conditions pouvant favoriser la création de telles zones.

Exemples de conditions pouvant favoriser l'établissement d'une zone vulnérable.

  1. Nous avons vécu des émotions d’une grande intensité en lien avec certains évènements. Malheureusement, dans ces circonstances, nous n’avons pu être apaisés.
  2. Nos souffrances ont été vécues dans l’isolement, sans support et sans possibilité d’expression.
  3. Lorsque nous avons manifesté certaines émotions ou certains besoins, nous avons été punis ou délaissés. Par conséquent, nous avons appris à craindre ou à ignorer nos propres émotions ou nos besoins.
  4. Dans nos tentatives d’exprimer certains de nos besoins affectifs ou certaines émotions, nous avons été jugés, méprisés, culpabilisés, infériorisés ou humiliés. Conséquemment, nous avons appris à juger et à mépriser ces émotions ou ces besoins. Nous avons appris à les considérer comme étant mauvais, inappropriés ou inadéquats. Il est aussi possible que nous éprouvions maintenant de la honte, de l’infériorité ou de la culpabilité lorsque nous éprouvons ces émotions ou avons ces besoins.

Comment repérer une zone vulnérable?

Les zones sensibles sont associées à un chaos d’émotions ou à une ou des émotions intenses.  Nous pouvons repérer nos zones vulnérables de différentes façons. Notamment, quand nous réagissons fortemment face à un déclencheur apparemment anodin, nous sommes possiblement touchés dans une zone vulnérable.

Puisque nos zones sensibles sont associées à des émotions très intenses, notre système a mis en place des mécanismes de défense pour nous empêcher de souffrir. Découvrir nos mécanismes de défense ainsi que nos déclencheurs nous permet également de cerner nos zones vulnérables.

Le retrait non conscientisé est un mécanisme de défense contre une grande souffrance intérieure

Pourquoi repérer nos zones vulnérables?

Nos besoins de nature affective demandent à être comblés. Malheureusement, lorsque nous portons une zone vulnérable et en ignorons la présence, nous allons tenter de combler nos besoins en utilisant des moyens qui vont nous apporter exactement le contraire de ce que nous cherchons.

À ce propos, je vous présente une mise en situation qui illustre cette réalité.

Mise en situation

Pour illustrer la façon dont une zone vulnérable nuit à la satisfaction de nos besoins affectifs, je vais reprendre l’exemple de l’article précédent : Vous allez rencontrer votre conjoint ou votre conjointe au restaurant après votre journée de travail. Vous êtes en retard. À votre arrivée, votre partenaire vous lance en criant: «T’es encore en retard, t’es jamais à l’heure!». Sa remarque vous déclenche et, à votre tour, vous réagissez défensivement.

Deux personnes, deux réactions défensives, deux zones vulnérables

Dans l’exemple que je vous présente, les 2 partenaires sont touchés dans des zones sensibles.  L’élément qui déclenche le premier partenaire est le retard.

Ce partenaire réagit intensément au retard par le blâme, la généralisation, et crie. Ce sont ses mécanismes de défense. Ainsi donc, cette personne porte une zone sensible en lien avec le retard.  Notez bien que sa réaction défensive survient dans l’actualité de sa vie adulte.  Le vécu souffrant caché sous la réaction défensive et éveillé dans l’ici-maintenant est bien réel.  Cependant, sa zone vulnérable est liée à un évènement ancien.  Malheureusement, en n’étant pas sensible à la zone vulnérable qu’elle porte, cette personne ne peut pas s’occuper de son besoin en relation avec son partenaire.

La deuxième personne de ce duo, dans mon exemple, porte une zone vulnérable en lien avec le blâme et le ton de voix.  Ses déclencheurs sont donc le blâme et le ton de voix.  En réagissant de façon défensive à son tour, elle contribue à entretenir un système relationnel dysfonctionnel.  De plus, elle ne peut ni être entendu dans le vécu souffrant éveillé par cette situation ni s’occuper du besoin sous-jacent.

Pour améliorer cette relation, au moins un des 2 partenaires doit apprendre à devenir sensible à la zone vulnérable qu’il porte. 

La zone vulnérable du conjoint 1

Je vous propose une situation fictive (conçue à partir de mes connaissances et de mes expériences) qui pourrait être liée à la création de la zone sensible du conjoint 1, pour illustrer mes propos.  Autrefois, enfant, cette personne a vécu une grande angoisse. Alors qu’elle attendait un parent, ce dernier ne s’est jamais présenté parce qu’il a été blessé dans un accident. Dans le chaos de l’agitation entourant cet évènement, personne n’a porté suffisamment d’attention à cet enfant. Pour l’enfant, la souffrance associée à l’incertitude a été insoutenable. Ce petit être a eu très très peur, seul, sans son parent, pris dans l’agitation environnante.  Il s’est alors créé une association dans son cerveau entre le retard et l’insécurité vécue à cette époque-là.

Dans l’actualité de sa vie adulte, face à un retard, cette personne vit à nouveau une peur insoutenable. Elle a besoin d’être rassurée. Cependant, elle ne sent pas cette peur. Ses mécanismes de défense (blâmer l’autre, crier) l’empêchent d’être sensible à ce qui se passe en elle. Elle ne peut donc pas prendre soin d’elle-même en relation.  En réagissant défensivement, elle ne s’attire pas la compassion de son ou de sa partenaire face à la peur qu’elle éprouve dans cette situation.  Elle ne peut pas non plus s’occuper de son besoin d’être rassurée.

Cependant,si cette personne devient sensible à elle-même, elle trouvera des moyens pour tenir compte de sa zone sensible. Elle pourrait, par exemple, demander à son ou sa partenaire de l’appeler en cas de retard.  Il n’est pas nécessaire de faire un retour dans le passé pour développer de la compassion pour soi.  Il s’agit plutôt de prendre conscience qu’on porte une zone vulnérable qui s’active dans telle ou telle situation et d’apprendre à s’en responsabiliser.  Cependant, ce cheminement demande souvent une aide professionnelle thérapeutique.

La zone vulnérable du conjoint 2

Pour illustrer mes propos, je vous propose maintenant une situation fictive (mais aussi basée sur des connaissances et des expériences personnelles) qui pourrait être liée à la création de la zone sensible du conjoint 2. 

Au cours de son enfance, cette personne a été témoin, de façon régulière, de conflits entre ses parents.  Au cours de ces conflits, les parents se sont blâmés et critiqués.  Souvent, dans ces moments, l’un des deux parents criait.  Dans ces circonstances de vie répétées, l’enfant a vécu de l’insécurité, de la tristesse et de l’impuissance.  Elle a acquis une peur des conflits, du blâme et des critiques.  Ses besoins affectifs d’être dans un milieu calme, sécurisant, rempli d’amour et de douceur n’ont pas été comblés.  De plus, dans sa conception d’enfant, cette personne a intégré qu’elle ne devait pas faire d’erreur pour être aimée et pour ne pas recevoir de critiques. 

Dans l’actualité de sa vie adulte, face à une personne qui crie et blâme (ou critique), ce partenaire est déclenché.  Il est touché dans une zone vulnérable.  À ce moment-là, il ressent un chaos d’émotions intenses dont il se coupe en réagissant, à son tour, défensivement.  Dans cette situation, il a besoin de se savoir aimé même s’il lui arrive d’être imparfait.  De plus, il a besoin d’être entendu dans les circonstances qui sont liées à son retard et d’être reconnu pour ses efforts d’arriver à temps.  Cependant, en n’étant pas conscient de sa zone sensible, il ne peut pas prendre soin de lui en relation.  Ses besoins affectifs fondamentaux ne seront donc pas comblés.

D’autre part, si ce partenaire est conscient de sa zone sensible et apprend à s’en occuper, il pourra mettre en place des mesures de protection efficaces, pour combler ses besoins, dans sa relation avec son ou sa conjointe.  

Développer la sensibilité à soi.

Les zones vulnérables ou blessures font partie de l’être humain.  L’Approche Non Directive CréatriceMD propose qu’en devenant sensible à nos zones vulnérables, cela nous permet de nous en occuper.  Conséquemment, nous pouvons découvrir des moyens nous permettant de mieux prendre soin de nous.  

Devenir sensibles à nos zones vulnérables implique de sentir ce qui se passe dans notre corps.  Cependant, cette étape peut comporter des difficultés car nous avons parfois peur de sentir la souffrance.  Néanmoins, en tant qu’adulte, nous sommes moins démunis que lorsque nous étions enfants.  Nous avons une meilleure capacité de composer, à tout le moins dans une certaine mesure, avec notre souffrance.  Cependant, ce processus requiert souvent une aide professionnelle et implique de respecter nos limites et notre vitesse d’évolution.

Travailler avec le présent

La relation d’aide par l’ANDCMD ne creuse pas dans le passé, bien qu’elle l’accueille s’il est abordé en thérapie par l’aidé.  Elle mise plutôt sur l’observation que, dans l’ici-maintenant de nos vies, de vieilles souffrances sont réveillées en relation.  Cette approche propose qu’en prenant conscience de ce qui se passe dans l’actualité de nos vies adultes, nous pouvons  évoluer.  Nous avons la possibilité de sortir du cycle néfaste dans lequel nous sommes coincés. 

Par le biais d’une relation thérapeutique de nature affective, nous arrivons à transformer des affects négatifs en affects plus positifs.  En effet, lorsqu’une personne est écoutée avec attention, en profondeur et sans jugement, elle fait une nouvelle expérience de vie.  À travers cette expérience, elle apprend un nouveau chemin.  De plus, elle sort de l’isolement avec son vécu souffrant. 

La relation d’aide par l’ANDCMD propose un cadre bien spécifique dans lequel le fonctionnel personnel ou relationnel d’une personne lui est montré.  Ce cadre permet à la personne aidée de découvrir ses déclencheurs et ses mécanismes de défense (liés à une ou des zones sensibles) et d’apprivoiser son vécu et ses besoins affectifs. 

Si vous désirez en apprendre plus sur les déclencheurs et les mécanismes de défense, je vous invite à consulter mon premier article de cette série.  Si vous souhaitez avoir des informations au sujet du vécu et des besoins affectifs, je vous invite à lire mon troisième et dernier article de cette série.  Finalement, si vous désirez une consultation, je vous invite à me contacter au 438-393-5623.

Bibliographie

Bien que je sois l’auteure de l’article que je vous présente, avec mon style, mes exemples et ma compréhension du processus, mes connaissances se basent sur le livre Relation d’aide et amour de soi, écrit par Colette Portelance, Ph.D.  Ce livre est publié par les Éditions du Cram inc.  Je tiens à rendre à Colette Portelance, la créatrice de l’Approche Non Directive CréatriceMD, le juste crédit pour ce qu’elle a créé.

Johanne Renaud

TRA, Thérapeute en relation d'aideMD

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