Les 7 étapes du changement créateur

- Étape 3: La responsabilité -

Qu'est-ce que la responsabilité?

Dans la philosophie de l’Approche Non Directive CréatriceMD (ANDCMD), prendre la responsabilité de ses mécanismes de défense, de ses blessures et émotions, de ses paroles et de ses actions, c’est s’assumer, c’est prendre en charge sa propre vie. 

Au fur et à mesure que nous développons la notion de responsabilité, nous développons l’aptitude à regarder en nous-mêmes lorsque nous rencontrons des difficultés sur notre route.  D’une part, nous apprenons à détecter en quoi nous contribuons à nos propres difficultés et dans quelles situations.  D’autre part, nous apprenons à discerner ce qui nous appartient de ce qui est à l’autre.  Par conséquent, en cas de conflit, par exemple, nous ne prenons pas l’entière responsabilité de ce conflit, mais notre juste contribution à ce différend.   

Prendre la responsabilité de notre vie implique également de développer l’aptitude à s’attribuer le juste crédit de nos succès. 

Mise en situation

Exemple de responsabilité avec mécanisme de défense

Pour illustrer les premières étapes du changement créateur, j’ai choisi un exemple dans lequel une personne utilise un mécanisme de défense.  Le cheminement est illustré de façon linéaire pour vous aider à mieux saisir le processus.  Cependant, il est important de comprendre que le processus du changement créateur s’applique aux différents aspects du fonctionnement personnel et relationnel c’est-à-dire aux blessures, aux besoins affectifs et aux vécus qu’une personne porte. 

Je reprends donc l’exemple du premier article dans lequel une personne arrive en retard à un rendez-vous au restaurant avec son conjoint ou sa conjointe.  À son arrivée, son partenaire lui lance en criant :  «T’es encore en retard, t’es jamais à l’heure!».

Dans les paragraphes qui suivent, je vous propose différents scénarios pour illustrer la notion de responsabilité de façon plus concrète, en me basant sur cette situation de départ.

Première possibilité

Dans des articles précédents, je vous ai fait remarquer que si vous êtes dans cette situation et que vous portez une zone vulnérable au ton de voix, au jugement, à la critique, au reproche ou au blâme (les déclencheurs), qu’il est possible -et humain- que vous réagissiez défensivement face à la réaction défensive de votre partenaire. 

D’autre part, si vous réalisez que vous avez l’impulsion de réagir défensivement, alors vous pourrez arrêter votre réaction défensive, sachant que cela n’aidera pas la relation.  À ce moment-là, vous vous responsabilisez de votre mécanisme de défense.  Vous vous prenez en charge.  Cela vous redonne du pouvoir car, dans un deuxième temps, vous pourriez respirer et prendre du recul pour voir ce qui se passe en vous.  Avec de la pratique et/ou de l’aide, vous pourriez découvrir quelle est la zone sensible touchée dans cette situation.  Vous auriez aussi l’opportunité de sentir quelles sont les émotions éveillées dans cette situation et quels sont vos besoins actuels.  Ensuite, vous pourriez choisir de communiquer avec votre partenaire.

Malheureusement, il arrive que vous soyiez coincés dans un mécanisme de défense.  Est-il possible de reprendre sa responsabilité dans un tel cas?  C’est ce dont je parlerai dans le prochain paragraphe.

Deuxième possibilité

Parfois, la réaction défensive survient tellement rapidement qu’il nous est impossible, à ce moment-là, de nous en responsabiliser.  En effet, nous avons été touchés dans une zone sensible et la souffrance est si vive que notre système réagit pour nous empêcher de la sentir.  Cependant, bien que nous soyions pris dans une réaction défensive (donc dans un état d’irresponsabilité) nous pourrions, soudainement, réaliser que c’est ce que nous sommes en train de faire.  Nous serions donc en mesure de faire des efforts conscients pour arrêter de blâmer l’autre, d’être faussement gentil ou de fuir la relation (exemples de mécanismes de défense).

En étant en contact avec notre réaction, cela nous permettra éventuellement de nous exprimer à l’autre.  Nous pourrons aussi prendre des mesures qui nous seront plus profitables (et plus profitables pour la relation, si c’est ce que nous désirons).  Dans ce cas de figure, nous sommes dans le processus de reprendre la responsabilité de ce qui nous appartient. 

Troisième possibilité

Dans un troisième exemple de situation, il est possible qu’à ce stade vous n’arriviez pas à prendre la responsabilité de votre mécanisme de défense.  Bien que vous soyiez conscient que vous êtes dans un mécanisme de défense, par exemple que vous êtes en train de blâmer l’autre, il peut arriver que vous ne soyiez pas capable de vous arrêter.  Cependant, une fois cet évènement passé, quelques heures plus tard, vous pourriez réaliser que vous avez besoin d’aide parce que votre comportement défensif vous a nui dans votre relation.  Vous reprenez alors votre responsabilité. 

L’avantage de reprendre la responsabilité de ce qui vous appartient, c’est-à-dire de votre mécanisme de défense,  c’est que cela vous redonne du pouvoir.  Par exemple, vous pouvez trouver un moyen ( comme aller chercher de l’aide) pour progresser.   Ou encore, vous avez l’opportunité d’exprimer à votre partenaire que vous êtes désolé de l’avoir blâmé.  Vous aurez ensuite à devenir plus sensible à la souffrance qui se cache sous votre mécanisme de défense.

Quatrième possibilité

Dans un dernier cas de figure, il arrive que vous ne réalisiez pas immédiatement que vous êtes pris dans un système relationnel dysfonctionnel, alimenté par des mécanismes de défense, de la part de chacun des 2 partenaires.  Ce n’est qu’une fois que vous vous serez apaisé que vous le réaliserez.  Par conséquent, une fois apaisé, vous êtes dans un processus qui vous permet de reprendre la responsabilité de ce qui vous appartient et de laisser à votre conjoint la responsabilité de ce qui lui appartient.  Une fois encore, il est possible que vous ayiez besoin de support pour apprendre à mieux accueillir vos souffrances de façon à les transformer, à travers une relation professionnelle de nature affective.

Prendre la juste responsabilité de ce qui nous appartient

Dans l’exemple que j’ai choisi pour illustrer les 7 étapes du changement créateur, il est important de bien discerner ce qui nous appartient de ce qui appartient à l’autre personne. 

Lorsque nous arrivons au restaurant et que notre conjoint ou conjointe nous lance :   «T’es encore en retard, t’es jamais à l’heure!», il/elle n’est pas dans sa responsabilité.  On peut l’observer car cette personne parle de nous (discours en tu) et généralise (tu es toujours en retard).  Cette personne  été touchée dans une zone sensible et réagit défensivement.  Cet aspect de la relation lui appartient.  Par contre, si nous entrons dans ce système relationnel dysfonctionnel parce que nous sommes touchés dans une zone vulnérable au reproche/blâme/critique et/ou au ton de voix, nous participons à entretenir ce système relationnel dysfonctionnel.  Cet aspect de la relation nous appartient et c’est à nous de nous en occuper pour retrouver notre bien-être.  C’est ce que j’appelle prendre la juste responsabilité de ce qui nous revient. 

Prendre du recul pour revenir à la juste responsabilité

 Comme je l’ai mentionné précédemment, parfois, nous sommes si intensément touchés dans nos zones vulnérables que nos réactions surviennent sans que nous en soyions immédiatement conscients.  Ce n’est que plus tard, lorsque nous sortons de notre état de «crise défensive» que nous nous rendons compte de ce qui s’est passé.  Cependant, si nous tenons à construire des relations plus constructives autour de nous et à mieux nous occuper de notre propre bonheur, nous aurons tout intérêt à nous arrêter à notre «crise» pour mieux cerner ce qui s’est passé. 

Si nous réagissons par un mécanisme de défense, c’est qu’il nous est difficile d’accueillir et de sentir la souffrance intérieure que nous portons.  Cette souffrance demande à être entendue et accueillie avec beaucoup de douceur et d’empathie, au rythme auquel nous sommes capable de la recevoir.  Parfois, nous avons d’abord besoin d’être reçu, avec notre souffrance, par une autre personne sensible à ce que nous portons, pour arriver à développer cette sensibilité et cette capacité d’accueil envers nous-mêmes.  Ensuite, nous pourrons prendre la responsabilité de nos zones vulnérables et du vécu qui les accompagne.

Conclusion

Plus nous sommes conscients de nos mécanismes de défense, de nos zones vulnérables, de nos vécus et de nos besoins, et plus nous développons une sensibilité à nous-mêmes, plus grandes sont les chances que nous n’entrions pas dans des systèmes relationnels dysfonctionnels.  Dans les cas où nous y sommes piégés, il nous devient plus facile de retrouver la voie vers le cœur de nous-mêmes et de rester coincé moins longtemps dans des systèmes ou des relations néfastes pour nous.  Développer la sensibilité à soi signifie que nous accueillons nos zones sensibles, notre vécu, nos besoins psychiques et nos mécanismes de défense et en prendre la responsabilité signifie que nous nous en occupions.

J’espère que cet article aura pu vous apporter des éclaircissements au sujet de la responsabilité.  Si vous désirez en apprendre plus sur les mécanismes de défense, le vécu et les besoins affectifs, je vous invite à consulter mes articles à ce sujet.  Le livre Relation d’aide et amour de soi de Colette Portelance est également une source riche d’exemple et d’informations.

Bibliographie

Bien que je sois l’auteure des articles que je vous présente, avec mon style, mes exemples et ma compréhension du processus, mes connaissances se basent sur le livre Relation d’aide et amour de soi, écrit par la créatrice de l’Approche Non Directive CréatriceMD, Colette Portelance, Ph.D, et publié par les Éditions du Cram inc. Je tiens à lui rendre le crédit pour ce qu’elle a créé.

Johanne Renaud

TRA, Thérapeute en relation d'aideMD

Facebook
Twitter
LinkedIn